VIGNERONS
LA PAROLE EST AUX
AUBERSON & FILS
il y a toujours quelque chose de nouveau
La vue est imprenable. Même si quelques gouttes de pluie tombe sur La Neuveville en ce samedi matin, la terrasse du domaine Auberson et Fils laisse sans voix. Claude Auberson nous y accueille sourire aux lèvres. Il raconte son parcours. «J’ai commencé par effectué un stage à Flach. Je voulais avoir des bases administratives et puis, je pense que je voulais me laisser du temps pour être sûr de ce que je voulais faire dans ma vie.» Il n’a jamais eu d’autres idées. Diplômé de l’Ecole de commerce de La Neuveville, il poursuit ses études à l’Ecole de viticulture de Changins. Il tient à préciser: «Personne ne m’a jamais obligé à devenir vigneron. C’était un choix qui me paraissait normal.»
Il confie aimer la diversité de son métier. «Je travaille avec les plantes à la vigne, puis je fais de la cave, le tout couronné par l’aspect administratif. En une journée, nous pouvons faire quatre jobs différents.» Il conte la manière dont son papa était débordé et comment il faisait tout. Puis, les difficultés du marché se sont faites sentir. «Il y a beaucoup de concurrence. Nous nous en sortons bien, mais il ne faut pas s’endormir.»
Claude Auberson est donc au four et au moulin pour faire ses vins grâce à ses 11 ha – sur La Neuveville et Le Landeron: chasselas, Pinot Noir, Pinot Noir Barrique, Œil de Perdrix, Pinot Blanc, Pinot Gris, Chardonnay et Maganoir.
Jusqu’en 1950, la famille Auberson faisait sa vinification en Ville. En 1958, l’entreprise a été créée au chemin du Tirage. Il explique un effet de mode dans la vinification du vin: «Nous revenons en arrière. Il n’y a ni vrai ni faux. Mais je dois constater que la technique a ses limites, petit à petit on en revient à ce que les vieux faisaient.»
DOMAINE DU SIGNOLET
«Je suis peut-être trop artiste pour être réel», lâche Jean-Daniel Giauque. La couleur est donnée. Artiste dans la vie comme dans ses vignes. «Mes parents ne faisaient pas de vins, mais possédaient du bétail, commence-t-il. Je pratique ce métier depuis 35 ans. Avant l’ouverture des frontières, le commerce marchait bien, mais aujourd’hui il faut se montrer extrêmement agressif en matière de marketing.» Il a repris la bâtisse et les vignes familiales dans le but de sauver le patrimoine de son arrière-grand-père.
De son avis, la force d’une entreprise réside dans l’équipe qui la dirige. Une équipe. Lui, il se dit trop seul. «Je suis seul pour penser logistique, seul devant 4 ha de vignes.» Des montagnes russes, voilà comment est sa vie ces temps-ci. Mais cet homme a la terre en lui. On le sent touché par ce qui se passe dans l’univers. Troublant. Il regorge d’idée. A côté de ses vignes, il a commencé à faire du bœuf bacchus – sorte de boeuf de cobaye. Lorsqu’on lui demande de raconter ses cépages, il faut la moue. Mais une fois lancé, on le sent emballé. Chasselas, Pinot Noir, Gamay, Syrah, Saint-Laurent, Diolinoir, œil de Perdrix, ainsi que 10 spécialités de blancs: Pinot Blanc, Pinot Gris, Savagnin rose, Sauvignon Blanc, Riesling, Muscat, Viognier, etc. Il aime créer, se dépasser jusqu’au point peut-être de se perdre. Il rêve que quelqu’un vienne prendre les rênes. Plusieurs fois les larmes embrument sa vision. Sensibilité.
j'aime créer
ROLF CLÉNINS VINS
je reste dans la tradition
Rolf Clénin, c’est la simplicité. Sa cave a une vue sans pareil sur l’Île Saint-Pierre. Il a réussi un apprentissage de deux ans en Valais, sa dernière année à La Neuveville. En 1997, il a repris le domaine tenu par son papa. «Il est important de préserver ce patrimoine, confie l’homme. Je continue l’œuvre de mon papa.» Il se dit passionné par la vigne et le vin. Rolf Clénin possède 2,5 ha. Il les exploite pour en faire du Chasselas, du Pinot Noir et de l’Œil de Perdrix. «Ce sont des vins qui fonctionnent. Je ne veux pas changer. Je reste dans la tradition.» Il glisse par ailleurs que pour se diversifier, il faudrait davantage de terrain et peut-être engager quelqu’un.
Rolf Clénin a décidé d’abandonner son stang à la Fête du Vin après 17 ans de service. «Nous nous sentions un peu coincé par le bruit, mais cela va nous manquer. Je servirai au stang du comité.»
DOMAINE DE LA VILLE DE BERNE
j'aime travailler avec la nature,
chaque année il faut jongler avec la météo
La famille Louis se trouve à la tête du domaine de la Ville de Berne depuis 110 ans. Hubert Louis a pris sa tête en 2000. Il a fait un apprentissage de viticulteur entre la Cave de Berne, Haesch (BL) et la station de Changins. Il a décidé de se lancer dans cette voie alors âgé de 14 ans. Après son CFC, il a continué l’école d’ingénieur à Changins afin de devenir œnologue. «J’aime travailler avec la nature, sourit-il. Chaque année est différente. Nous jonglons avec la météo et les différents éléments. Chaque année nous créons un produit nouveau et unique.» Concernant ses vins, Hubert Louis fait du Chasselas, du Pinot Noir, de l’Œil de Perdrix, du Chardonnay Barrique, du Pinot Gris, du Sauvignon Blanc, du Dolce Vita et du Gamaret Barrique. Il dit apprécier la vente et le contact avec la clientèle, mais regrette parfois l’adminsitratif trop conséquent. «Cela devient de plus en plus compliqué notamment concernant l’homologation des produits.» En tant qu’employé de la Ville de Berne, Hubert Louis admet avoir parfois certaines pressions des politiciens. «Ils ne sont pas sur le terrain, ils ont quelques fois des idées impossibles à réaliser.» Un sourire naît. Il aime vivre sur cette terre. Celle dont sa famille a pris soin depuis plus d’un siècle. D’ailleurs la relève est assurée. «Etienne, mon fils commence son apprentissage à la Cave de Berne en août.» Les Louis seront encore à la tête de ces 25 ha (en comptant les vignes de l’Île Saint-Pierre) pour quelques années.
LE PETIT DOMAINE
le travail de la terre est une vocation pour moi
Le parcours de François Marolf est différent. Horticulteur de formation, cet homme cultive les plantes en pot, les légumes ainsi que les fleurs coupées. L’entreprise qu’il a repris est vieille de 130 ans et compte 1,5 ha de vignes. «De tous temps, nous cultivions la vigne, se souvient François Marolf. Nous vendions la vendange. Il y a huit ans, un couac s’est produit en ce qui concerne la vente. Il a eu l’effet d’un coup d’assommoir. Nous avons décidé de produire notre propre vin.» Les cépages de chasselas ont été arrachés afin de planter des nouveautés. Le domaine produit aujourd’hui 11 vins: Chasselas, Pinot Noir, Œil de Perdrix, Chardonnay Barrique, Mara, Gamaret, Galotta ainsi que deux assemblages, le premier en blanc, le second en rouge. «Le travail de la terre est une vocation pour moi. C’est dans mes gènes.» Il raconte n’avoir pas appris le métier de vigneron, mais tout ce qui touche à l’anatomie de la plante, sa physiologie et sa génétique, il le sait de sa maîtrise fédérale d’horticulteur et maraîcher. «J’ai appris à vinifier sur le tas.» Lorsqu’il compte ses produits, leur goût, leur provenance, on le sent fier et reconnaissant envers cette terre qu’il affectionne tant.
DOMAINE DU SCHLOSSBERG
nous leur demandons si nous pouvons donner un coup de main
Le chemin est raide pour arriver dans la maison de Barbara et Markus Petrig. A l’heure de la pause du matin, il y a du monde dans la grande cuisine. On baragouine en suisse-allemand en ôtant les bottes de pluie. Une météo qui ne peut entacher la vue depuis la bâtisse. «Nous avons appris notre métier sur le tas, explique Markus Petrig. Puis, nous avons fait des formations complémentaires.» Son épouse a fait une formation de paysanne et a appris à faire du vin. Lui, s’est formé sur le tas, avec son papa dans son Valais natal. «Nous étions passionnés», sourit-il. Le couple vit depuis 28 ans dans son domaine neuvevillois.
Dès le début de cette aventure, Barbara et Markus Petrig ont décidé de travailler avec des handicapés mentaux. «Nous voulions créer une structure pour les personnes dont les capacités sont supérieures à celles des personnes placés en institution, mais insuffisante pour qu’ils vivent seuls», détaille Barbara Patrig. Ainsi, depuis 2001, la vieille bâtisse accueille des handicapés mentaux. Ils travaillent dans les vignes. Une aide précieuse puisque l’entier des vignes du domaine du Schlossberg est en pente forte. «Nous ne pouvons mécaniser presque aucun travail», souligne Markus Petrig. Il souligne l’importance pour les personnes placées chez eux de produire du vin. «C’est valorisant, ils s’identifient au produit», explique Markus Petrig qui sourit: «Sans eux nous ne pourrions rien faire. En fait, c’est leur entreprise et nous demandons si nous pouvons donner un coup de main.»
C’est dans la conscience de l’environnement, en respectant les normes du développement durable, sans recours aux pesticides, et en tant que membre du Parc Chasseral que le couple cultive son raisin. Une fois récolté, il le confie à un confrère vigneron – chez Hubert Louis pour le rouge et Fredy Marolf pour les blancs et l’œil de Perdrix. «Je pense qu’il est préférable de collaborer avec des encaveurs que de bricoler du vin par nous-mêmes», estime Markus Petrig. L’homme, approchant la septantaine, envisage de suivre une formation d’encaveur. Il faut dire que le couple Petrig ne manque pas de projets.
Claude Auberson
Auberson & Fils
Hubert Louis
Domaine de la Ville de Berne
2520 La Neuveville
032 751 21 75
neuveville@domainedelaville.ch
www.domainedelavilledeberne.ch
Jean-Daniel Giauque
Domaine du Signolet
Prés-Guëtins 1
2520 La Neuveville
032 751 22 93
079 321 06 16
Rolf Clénin
Rolf Clénin Vins
Cave de Poudeille
2520 La Neuveville
032 751 13 31
François Marolf
LE PETIT DOMAINE
Tirage 3
2520 La Neuveville
079 408 67 01
marolf.production@bluewin.ch
www.marolfproduction.ch
Markus & Barbara Petrig
DOMAINE DU SCHLOSSBERG
Rte du Château 52
2520 La Neuveville
032 751 30 06
www.domaine-du-schlossberg.ch
DOMAINE ANDREY
chaque année nous recommençons différemment
Arielle & Benjamin Andrey gâtent ses hôtes avec des spécialités régionales accompagnées de leurs propres vins. Une expérience culinaire de la plus haute qualité.
Les vignes de la famille Andrey s'étendent de Schafis au Landeron le long d'une moraine calcaire au pied du Jura. Toutes les vignes sont soigneusement entretenues à la main, dans un respect total de la nature. La famille renonce depuis de nombreuses années déjà, à l'utilisation d'herbicides et d'insecticides. Lors de la production de ses vins, la famille Andrey accorde une énorme importance à la protection de l'environnement et à la préservation du terroir. Il en résulte des vins vivants au caractère unique.
DOMAINE COSANDIER
je laisse faire le tonneau
Patrick Cosandier ouvre la porte de son carnotzet. L’endroit s’avère traditionnel. Il nous accueille avec sa compagne, Gertrud qui l’aide depuis trois ans. Patrick Cosandier a commencé sa carrière de vignerons par un apprentissage de trois ans, une année à la maison et deux en Argovie. Il a réussi ses examens en 1985 et travaille à la vigne depuis. Il a repris la tête du domaine le 1er janvier 1998. «Depuis que j’étais enfant, j’ai toujours dit que je voulais être vigneron», se souvient Patrick Cosandier, ajoutant qu’il est la 6e génération à la tête du domaine familial. «C’est la dernière sous le nom de Cosandier», glisse le vigneron, l’émotion filtre dans sa voix. Il n’a pas d’enfant à qui il aurait pu transmettre ce métier qu’il aime tant. «Chaque printemps, lorsque je vois la vigne je la laisse mûrir, raconte-t-il. Je fais le minimum dans le tonneau et le reste c’est le tonneau qui le fait.» Sur ses 2,2 ha, il produit du Chasselas, du Pinot Noir, du Pinot Noir Barrique, de l’Œil de Perdrix et du Chardonnay.
Il a un appui pour le travail à la vigne par un ouvrier. Mais son aide la plus précieuse vient de Gertrud qui se charge des dégustations et de la nourriture. «J’ai une formation d’employée de commerce, raconte-t-elle. Je mets la main à la pâte durant les vendanges.» Elle travaille à 90% à l’extérieur. Un besoin car avec le domaine, il dégager trois salaires s’avère impossible.
DOMAINE JOHANNES LOUIS
les nouveaux croisements sont intéressants
C’est dans son carnotzet très moderne du Schafisweg 37 que Johannes Louis nous reçoit. En toute simplicité il raconte avoir suivi un apprentissage de vigneron à Marcelin - dans la région de Morges – puis l’école d’œnologie à Changins. «J’ai finalement obtenu la maîtrise à Wäderswil», indique-t-il. Il assure avoir toujours su qu’il voulait être vigneron. «J’ai grandi avec cela.» Il a d’ailleurs débuté des études gymnasiales qu’il a rapidement arrêtée. «Je ne pouvais pas m’imaginer faire des études, confie-t-il. J’aime que le travail soit diversifié. Actuellement, je m’occupe de la production de A à Z.» Il ajoute aimer créer un produit. «Je ne pourrais m’imaginer vendre toute ma récolte à une grande surface sans savoir ce qui va en ressortir. Je connais la grande majorité de mes clients.» On sent cet homme attaché à son domaine, à cette terre. Même si tous les jours ne sont pas faciles: «Chaque travail a ses difficultés. Nous composons avec la météo et puis au niveau du marché nous devons davantage lutter pour vendre nos produits que dans les années 1970. Mais nous nous en sortons bien.» Passionné, Louis Johannes raconte ses vignes les yeux brillants. Il a plusieurs vins à son actif: Chasselas, Pinot Noir, Œil de Perdrix, Sylvaner, Sauvignon Blanc et Cabertin. «Lorsque mon papa a commencé, le domaine était 100% dédié au chasselas, se souvient-il. Mais ne faire qu’un seul cépage est ennuyeux. Les nouveaux croisements sont intéressants.» Innovateur en toute simplicité, Louis Johannes possède 3,1 ha qu’il cultive avec passion.
WEINGUT SCHLÖSSLI
si la nature est d'accord avec le vigneron,
nous arrivons à créer de grandes choses
Son béret enfoncé sur la tête, Fabian Teutsch arrive à vélo au Weingut Schlössli. Il a fait son apprentissage de vignerons à Aigle, en Argovie et aux Grisons. Il poursuit ses études à l’école supérieure d’œnologie de Changins, puis obtient la maîtrise à Wäderswil. «J’ai su que je voulais faire ce métier à l’âge de 16 ans», déclare Fabian Teutsch. Ce dernier a tout de même suivi l’Ecole de commerce de La Neuveville. «J’ai toujours aidé mon papa, mais je ne connaissais pas les merveilles du vin», glisse-t-il. Le domaine familial est dans ses mains depuis 2009.
Fabian Teutsch raconte avoir beaucoup voyagé, de l’Argentine à la Nouvelle-Zélande, en passant par le Chili. «Je fais beaucoup de montagnes. Je vais voir les cultures, mais pour comprendre comment le vin est fait à l’étranger, il faudrait rester plus longtemps. J’ai quand même vu que nous ne faisons pas tout faux.»
Sur ses 7 ha, Fabian Teutsch produit Chasselas, Pinot Noir, Pinot Noir Barrique, Œil de Perdrix, Pinot Gris, Sauvignon Blanc, Blanc de Noir, Chardonnay Barrique et Gamaret. «J’ai appris que c’est la nature qui fait le raisin. Si la nature est d’accord avec le vigneron, nous arrivons à faire de grandes choses. A la cave, en revanche, c’est dans nos mains. On arrive à faire le meilleur produit grâce à ce que la nature nous donne.» Il aime tellement ce rapport avec la nature que Fabian Teutsch a décidé de poser des nichoirs pour les torcols, en collaboration avec la Parc régional Chasseral. Il a aussi un contrat stipulant qu’il doit faucher l’herbe en juillet afin de protéger une espèce d’orchidées indigène du canton. «Tout cela nourrit la vigne, glisse le vigneron. La terre n’oublie jamais, je suis la 6e génération à l’exploiter. Je prépare le sol pour les générations futures.»
Pour lui, la Fête du Vin permet de lier La Neuveville avec Schafiser. «Grâce à la Fête du Vin, je connais la famille des vignerons neuvevillois.»
Arielle & Benjamin Andrey
Weingut Andrey Schafis
Patrick & Gertrud Cosandier
Cosandier Schafis
Louis Johannes
Johannes Schafis
Fabian Teutsch & Irene Teutsch-Marrug
Weingut Schlössli